18/01/2023

Salle 5 le Trésor antique

La plupart des objets exposés dans cette salle sont issus d’une donation de Boniface VIII et sont consignés dans le précieux manuscrit que vous avez vu dans la salle capitulaire. Boniface, qui est considéré comme le dernier pape du Moyen Âge, et aussi, d'une certaine manière, comme le premier de l'époque moderne et clôture la série des papes qui ont vécu de manière régulière et continue dans la ville.

L'ancien trésor d'Anagni est vraiment remarquable car, malgré ses mutilations, il conserve l'une des collections artistiques les plus intéressantes et les plus variées de l'époque médiévale.

Ce Trésor possède une collection particulièrement importante par la présence de textiles réalisés selon des techniques différentes et provenant de diverses zones géographiques.

À l'intérieur de la première grande vitrine, à droite de l'entrée, se trouve la chape de la Vierge réalisée en opus anglicanum, un tissu de lin laminé d'or avec des broderies de soie de différentes couleurs, datant du milieu du XIIIe siècle. Au centre du tissu se trouvent trois illustrations représentant les récits de la Vierge : en bas, la Dormitio Virginis, au centre, son Assomption au ciel à l'intérieur d'une amande, suivie de son Couronnement et du partage du Trône avec son fils le Christ. Toutes les autres illustrations, à gauche et à droite, présentent des récits de l'enfance et de la passion du Christ.

Dans la vitrine d'angle suivante est conservé le précieux reliquaire de Saint Thomas Becket, archevêque de Canterbury, qui fut tué en 1170 dans la Cathédrale anglaise pendant la célébration des vêpres par quatre chevaliers envoyés par le roi Henri II d'Angleterre. Canonisé seulement trois ans plus tard, le saint fut immédiatement l'objet d'une grande dévotion ici à Anagni car il représentait la victoire de l'Église anglaise, martyr du pouvoir de l'État.

L'objet présente une structure en bois à forme de cabane, recouverte de feuilles de cuivre doré décorées d'émaux bleus, fabriquées par des orfèvres de Limoges dans la première moitié du XIIIe siècle. Sur le devant est représenté le martyr du saint, tandis qu'au-dessus, il s’agit de ses funérailles.

La vitrine d'angle suivante contient le coffret d'Hercule, un objet en bois, fabriqué au 13e siècle, sur lequel sont appliquées de fines feuilles d'argent représentant les travaux d'Hercule.

 

 

Dans la vitrine voisine se trouve l'antependium de la Vierge et des Saints, tissu de l'artisanat d’Ombrie et du Latium réalisé en « opus romanum » du lin avec des broderies de soie colorée et d’or. Les antependium étaient utilisés pour décorer le devant des autels à des moments particuliers de la liturgie durant l'année. En haut, au centre trônent la Vierge et l'Enfant, entourés d'anges et de saints. En dessous, de part et d'autre de la crucifixion centrale, se trouvent les martyrs des saint Pierre et saint Paul.

La chape qui se trouve dans la vitrine suivante a été réalisée au XIIIe siècle en « opus anglicanum », du lin doré qui présente une série de martyrs de saints, dont celui de Thomas Becket. Comme le montrent les coupes et les pièces, qui le composent, par la suite elle fut ensuite été utilisée pour fabriquer une soutane et une dalmatique et enfin a été réassemblée lors de sa dernière restauration dans les années 70.

Le coffret d'angle suivant contient deux cercueils et une crosse en ivoire réalisés par des artistes arabo-siciliens dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Sur le devant du plus grand cercueil figure une inscription en arabe, probablement une prière à Allah. Conçus à l'origine comme des boîtes à bijoux, ils ont ensuite été utilisés comme de précieux reliquaires. La crosse située à droite est décorée d'or et d'émail de Limoges.

Dans la vitrine suivante se trouve l'antependium de l'Arbre de Vie, réalisé au XIIIe siècle en opus theuthonicum, au lin laminé d'or avec des broderies en soie et en or. Au centre se trouve la Crucifixion du Christ. Du bois de la Croix jaillissent des grappes végétales qui donnent naissance à l'église universelle, représentée par les saints, les prophètes, la Vierge à l'Enfant et les symboles christologiques. Au-dessus, le feuillage de l'arbre accueille la figure du pélican, symbole de la Passion et de la Résurrection du Christ.

Nous terminons notre visite de cette salle par la majestueuse chape de Boniface VIII, réalisée en opus cyprense, technique originaire de l'île de Chypre, mais répandue dans toute la Méditerranée. Cette pièce, probablement la plus célèbre de toute la collection avec le cercueil de saint Thomas Becket, a été brodée par un artiste de Palerme dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Il s'agit d'un vêtement à l'usage exclusif du pontife, réalisé en soie rouge avec un clypéastre contenant trois animaux symboliques : l'aigle bicéphale, le griffon et les perroquets qui s’affrontent. Ils représentent les caractéristiques que, selon le pape Boniface VIII, le souverain idéal devrait avoir : continuité, pouvoir et éloquence.